Autant à titre personnel qu’à titre professionnel, cette question me donne du fil à retordre. En faisant l’expérience de la diversification alimentaire pour ma fille ainée (avant d’être diplômée en nutrition pédiatrique), le sujet des quantités m’a beaucoup stressé. J’avais fait le choix d’allaiter, et donc de laisser complètement les rennes à ma fille : je lui faisaisconfiance sur le quand et le combien depuis sa naissance.
Tout à coup, le médecin me tendait une feuille avec des chiffres très précis, des grammes d’aliments stricts et fermes, noirs sur blancs, à donner à ma fille. Me voilà donc à préparer compotes et purées avec ma balance alimentaire comme garde-fou. Au bout de quelques jours, je capitule. Stresser sur des grammes n’est pas du tout dans mon ADN ! Non seulement on se met la pression sur ce qu’on propose, mais en plus on met une pression folle sur notre enfant. « Le médecin a dit 200g alors pourquoi elle ne mange que 100g ? » « La viande c’est 10g, elle en redemande, je la laisse râler ? » . Des questions auxquelles j’ai été confrontée et auxquelles vous êtes aujourd’hui tout.es confronté.es, lorsque le pédiatre vous remet sa petite fiche au rendez-vous des 4 mois.
Aujourd’hui professionnelle en nutrition pédiatrique, je peux vous dire avec assurance : ces quantités sont là pour vous guider, pas pour vous enfermer ! Nous sommes très nombreux à ne nous être jamais vraiment posé la question des quantités dans notre assiette : à la maison on se sert, en fonction de nos envies. Mais en réalité, une bonne assiette – nutritionnellement parlant – a des proportions : 2/3 de légumes pour 1/3 de féculents et 1 portion de protéines et de matière grasse.
Le but de cette fiche a ainsi deux objectifs :
- Vousinformer sur les bonnes proportionsà proposer et faire évoluer (en fonction de son âge) à votre enfant pour répondre à ses besoins nutritionnels
- Vousguider sur les quantités moyennes et approximatives,pour que vous puissiez réagir et consulter, si toutefois votre enfant avait un appétit trop éloigné des quantités énoncées, et ce sur une longue période
Ainsi, si votre enfant n’avale pas ses 200g de purée mais seulement 130g, pas de panique, et surtout, pas de pression. Comme pour l’allaitement, l’alimentation solide doit être basée sur une relation de confiance : ayez confiance en votre proposition de plat – grâce aux indications de quantités – et ayez confiance en votre enfant qui sait ce dont il a besoin et qui est connecté à son appétit.
En grandissant, votre enfant va commencer à refuser certains plats (ou pas, pour les plus chanceux !), notamment les légumes. Il est crucial durant cette période de continuer à proposer une assiette bien proportionnée et de lui faire confiance sur ce qu’il mange. En alimentation pédiatrique, on appelle cela la règle de division des responsabilités : le parent propose et l’enfant dispose. La responsabilité du parent est de proposer à son enfant un repas équilibré, dans un environnement calme et confortable et au bon moment. Tandis que la responsabilité de l’enfant est de manger dans cette assiette ce qu’il veut et comment il le veut (dans la mesure du raisonnable bien sûr !). Plus facile à dire qu’à faire, cette règle est pourtant indispensable pour créer une relation saine entre son enfant, son assiette et soi. Le lâcher-prise et la persévérance sont clefs pour leur donner de bonnes habitudes alimentaires. Oubliez les grammes et le nombre de cuillérées, profitez du repas avec votre bébé et écoutez ses signaux à lui qui indiquent que le repas est fini.
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Mémo des quantités :
– On propose 2/3 de légumes pour 1/3 de féculents dans chaque assiette
– La portion de protéines est dépendante de l’âge de l’enfant, si vous devez garder un œil sur une portion c’est celle-ci, car elle a tendance à être trop importante au sein des foyers
– Le gras c’est la vie, surtout pour nos bébés, on leur propose l’équivalent d’une cuillère à soupe dans la journée, en cuisson ou cru
– Fermez l’œil sur les quantités de légumes avalés, un peu moins sur les fruits !
– Si un bébé boit 500ml de lait, pas besoin d’ajouter des produits laitiers. Sinon et lorsqu’il grandit, 3 sont suffisants dans une journée !
